17-Fais dodo, Germain, papa est là.

Cher Journal,

Après la mort de papa et maman, je ne supportais plus les murs de notre maison. Tout me rappelait leur absence. Alors avec Fantine et Euclides, on a pris la décision de tout refaire. Notre Dieusim nous a fait ça en deux coups de cuillères à pot, avec une décoration shabby chic tout à fait dans nos goûts. Jeanne était ravie, donc moi aussi.

   

Le nouvel aménagement était synonyme de nouvelle ère, de nouveaux bonheur à venir, bref, je me sens bien chez moi.

Le ventre de Jeanne commence doucement à s'arrondir, à mon grand bonheur. J'ai hâte que mon héritier vienne au monde. 

De leur côté, Fantine et Euclides sont font à leur nouvel environnement. Au moins, la cuisine est un peu plus grande, Euclides en est ravi. 

Et Jeanne peut enfin peindre dans une pièce qui ne sent pas le renfermé, une pièce qui vit quoi. Son inspiration en est renforcée et elle se perfectionne de jour en jour. Il faut dire aussi qu'elle y passe un temps fou. 

L'autre jour, au déjeuner, je lui racontais l'évolution de ma fusée, les histoires du boulot, tout ça, mais je voyais bien que je ne l'intéressais qu'à moitié. L'autre moitié était complètement absorbée par son dernier tableau. Ça commence à m'agacer et à me déprimer cette histoire. Nous sommes adultes, nous sommes amoureux, nous allons avoir un bébé, et pourtant, nous ne sommes toujours pas fichus de nous entendre au quotidien. 

Les seules fois où j'arrive à avoir son entière attention, c'est quand je commence à me montrer enjôleur. J'espère que la venue du bébé nous apportera un peu plus de sujet de discussion...

En attendant qu'il débarque, je perfectionne ma fusée, la rendant absolument indestructible et performante à tout point de vue. C'est un vrai petit bijoux. Il me tarde de pouvoir enfin l'expérimenter.

Fantine et Euclides, de leur côté, passent beaucoup de temps ensemble. Je ne suis pas sûr qu'ils apprécient beaucoup Jeanne. Il faut dire qu'elle est tellement peu présente dans la vie familiale que c'est difficile de se faire une idée à son sujet.

Des fois je les entends ricanner, j'ai l'impression qu'ils se moquent d'elle et de son art. Comment pourrais-je leur en vouloir alors que moi même je trouve son art assez... insipide. Quand au reste, je pense que si je n'étais pas amoureux d'elle, je pourrais facilement me joindre à leurs moqueries. 

Mais si j'en viens à penser ça, suis-je réellement amoureux? Peut-on être amoureux d'une personne à qui on n'a rien à dire? Et elle, m'aime-t-elle vraiment? Ou aime-t-elle nos séances de jambes en l'air? A moins que ce ne soit le confort materiel... 

Je n'arrive pas à me dépêtrer de toutes ces questions et de tous ces sentiments contradictoires. Ça tourne dans ma tête au point de m'empêcher de dormir. Parfois, quand je la regarde dormir, je me dis que tout cela est vain, que je l'aime et que nous allons avoir un bébé, alors à quoi bon se torturer l'esprit...

Jeanne mange énormément, mais je n'ai pas l'impression que ce soit avec beaucoup de plaisir. Quand je me souviens de maman, quand elle était enceinte, elle passait son temps sur un petit nuage rose. Jeanne n'a pas l'air de prendre les choses de la même manière.

Et puis un jour, alors qu'elle était en train de terminer un nouveau tableau pour une galerie de Bridgeport, Jeanne a ressenti les premières contractions.

Au début, j'ai paniqué. Un bébé, ça allait être un grand bouleversement dans ma vie. Jusque là, je l'avais assez bien géré, mais maintenant qu'il pointait le bout de son nez, des milliers de questions fusaient dans ma tête. Allais-je être un bon père? Serait-il heureux? Garçon ou fille? Comment on change une couche? Et si je le fais tomber? 

Finalement, mon fils est né sans problème. Nous l'avons appelé Germain, et il est magnifique. Un vrai petit ange. Quand je l'ai vu, les questions dans ma têtes se sont figées et ont disparues. Bien sûr que j'allai être un bon père et qu'il serait heureux dans cette maison. 

Quand aux questions sur ma vie conjugale, elles n'ont fait que s'accentuer. A peine accouchée, Jeanne s'est désintéressée de notre enfant. 

" Jeanne, tu ne voudrais pas ne serait-ce qu'allait le voir de temps en temps?

- Je ne vois pas pourquoi, il te voit déjà toi. Et puis il est trop petit pour reconnaître qui que ce soit, alors il n'y a aucun intérêt à ce que j'y aille. En plus, ça m'oblige à abandonner mes pinceaux alors que je croûle sous les commandes. De plus en plus de galeries et d'amateurs réclamment mon talent, et ce n'est pas un petit gigot plein de morve qui va m'empêcher de réaliser mon rêve!

- Mais tu entends comme tu en parles? C'est ton fils! L'enfant que tu as porté pendant tout ce temps!"

Et quand ce n'est pas ça, c'est plutôt:

"Ton frère et ta soeur vont rester longtemps avec nous?

- Mais enfin Jeanne, ils sont encore adolescents! Et puis cette maison est autant la mienne que la leur!

- Oui mais c'est toi l'héritier. Tu pourrais les émanciper et leur offrir une petite maison du centre ville. 

- Mais enfin, je ne comprends pas, la maison n'est pas assez grande pour toi? Tu ne les vois jamais, je ne vois pas en quoi il te gêne!

- Oh je t'en prie, ils ne font rien de leur journée à part aller à l'école et sont un vrai poids financier. Et puis leurs chambres pourraient être réutilisées, en atelier par exemple, ou en bureau. Ou même en bibliothèque. 

- C'est hors de question Jeanne! Euclides et Fantine resteront ici autant qu'ils le souhaiteront!"

Ou alors, ça portait sur ça:

"De toute façon, je ne t'intéresse pas! Tu trouves que mes peintures sont nulles, tu n'as aucune fibre artistique! Comment pourrais-tu me comprendre?! Je ne suis là que pour te soulager quand tu ne peux plus te retenir! Je ne suis pas une machine à crac-crac, je suis une femme! 

- Je trouve que tu as du culot de m'assainer ces reproches! C'est bien toi qui m'a entraîné sous les couvertures ce matin alors que j'essayais de te parler de mon nouveau projet spatial! "

Ou alors:

"Je refuse que tu fasses de mon fils un scientifique!

- Parce que tu te souviens que tu as un fils maintenant?

- Je t'ai entendu lui parler de ta fusée l'autre jour, je te l'interdit! A force de n'entendre parler que de ça, tu vas détruire tout ce qui pourrait être artistique en lui!

- Tu dis des sottises Jeanne, ce n'est pas parce que je lui raconte ma journée que ça va changer quelque chose à son caractère.

- Alors maintenant c'est moi qui dit des sottises! Dis carrément que je suis stupide!"

Le tout entrecoupé de réconciliations sur l'oreiller où chacun oublie les grieffes de l'autre et où l'on ne pense plus à rien.

En tout cas, si sa mère n'est pas très présente, Germain est plus qu'entouré par mes frères et soeurs. Fantine surtout, passe beaucoup de temps au dessus de son berceau. Une vraie tata modèle ma petite soeur. Elle et Euclides arrivent même à me faire oublier l'échec cuisant de mon couple. 

Les différents que je peux avoir avec sa mère ne changent en rien l'amour que j'ai pour mon fils. Germain est superbe. Il devrait bientôt grandir, j'ai hâte! Comme je ne peux pas vraiment en parler avec Jeanne, je lui raconte mes journées. Les blagues sur les extra-terrestres qu'on se raconte au boulot, l'avancement de ma fusée, toutes les merveilles qu'on peut voir au télescopes, les dernières découvertes...

Et puis un jour, en rentrant du boulot, j'ai trouvé Germain, tout seul, pleurant à s'en arracher les cordes vocales et baignant dans sa couche sale. Aucune trace de sa mère. 

Furieux, je me suis rendu dans le salon, pensant la trouver un fois de plus à son chevalet. Mais rien, aucune trace de Jeanne. Elle était partie, sans donner d'explication ni laisser de mot. Malgré ma colère, je ne pouvais m'empêcher d'être triste. Après tout, je l'avais aimé, et elle était la mère de Germain.

Totalement absorbé par ma douleur, je n'ai pas vu les jours passer. Euclides a grandit, c'est un homme maintenant. Mais nous avons loupé son anniversaire, ce qui m'a rendu encore plus triste et encore plus en colère. Je n'étais même plus capable d'être présent pour mon frère et ma soeur. 

Et puis un soir, Jeanne est revenue frapper à la porte. Je l'ai emmenée sur la terrasse. il était hors de question qu'elle rentre de nouveau dans cette maison. Elle y avait fait assez de mal. Je ne me suis pas gêné par laisser sortir tout ce qui bouillonnait en moi depuis son départ. Je l'ai traitée de monstre, l'ai accusée d'avoir abandonné son fils, de m'avoir manipulé. 

Quand elle s'est écroulée en larme, je me suis rendu compte que ça ne me faisait plus rien. Tout amour pour elle était mort. En sanglotant, elle m'a demandé pardon. Elle m'a avoué être partie pour essayer de se retrouver (traduction: elle est allée retrouver un amant), d'y voir plus clair dans sa vie (choisir entre rester avec moi ou partir avec l'autre). Mais il était hors de question qu'elle revienne et qu'elle puisse approcher son fils, et je le lui ai bien fait comprendre.

C'est comme ça que Jeanne est sortie de ma vie. 

Comments

[Ed]

C'est pire que les feux de l'amour! !! Jeanne la pouf a bien fait de quitter l'histoire, a moins qu'elle revienne mettre le foutoir plus tard... on ne sait jamais ce qui peut arriver dans les feux de l'amour..

[Sarah_009]

Nan mais Jeanne est horrible ! Elle déliasse son fils et elle l'abandonne ! Pauvres Germain et Dagobert !

[Vala Ravencrow]

Tout à fait, ça ne se fait pas d'abandonner son bébé comme ça, surtout pour aller retrouver un amant! Enfin, au moins, elle a disparu du paysage maintenant :)

[Fanny]

Ha ! Non mais quelle greluche de toute façon ! C'est bien qu'elle soit partie si elle ne participait à rien de la vie familiale et encore moins à celle de son fils...

Sujet plus heureux : le Dieusim il a quand même était bien inspiré pour la baraque héhé y'aurait pas un copain Dieusim qui serait venu l'aider? héhéhé Mais le potager tout vide, ça c'est tristou quand même...