30- Laisse moi partir

6 mai 2015

Cher journal,

Maintenant que Jules dort tranquillou dans son berceau, et plus dans mon abdomen, je peux un peu plus me consacrer à mon aîné. Et comme il est hors de question qu'un Greenaway ne réussisse pas à l'école, je lui fait réviser ses leçons tous les soirs.

Bon, par contre, je m'autorise aussi quelques moments de détente, au calme, dans la piscine.

Enfin je dois t'avouer que ça ne dure jamais longtemps. Soit j'ai des besoins élémentaires à satisfaire, soit Jules qui hurle dans son berceau.

Enfin, au moins, cette période n'aura pas duré trop longtemps. Je n'ai pas vu le temps passer entre la naissance de Jules et le jour où il a popé hors de sin berceau. je n'ai même pas pu en profiter, c'est le moment où j'ai été prise de nausée.

Et ensuite, il a fallu que je file me remplir à nouveau la panse. De toute manière, c'est bien simple, depuis la naissance de Jules, je n'arrête pas de manger, vomir, dormir et faire pipi.

Inutile de tergiverser, j'ai très vite compris que les spermatozoïdes de mon Gabriel avaient encore atteint leur but. De toute manière, j'ai arrêté d'essayer de lutter contre lui. S'il lui faut des enfants pour être heureux, alors je lui ferais ces enfants. Nous seront une grande famille, suffisemment pour remplir toute la maison. Je me réveillerai le matin au son des rires de mes enfants, et le soir, je me coucherai en repensant aux beaux moments de la journée.

Pour en revenir à mes enfants, Jules est tout aussi sérieux que son frère. Je suis fière d'eux. Ils ont bien compris qu'avec mon nouveau bidon tout rond, j'étais moins en forme pour m'occuper d'eux. Du coup, pas besoin d'être derrière eux pour les surveiller.

Par contre, Isidore a commencé à se sentir un peu mal l'autre soir. Au début, j'ai pensé que c'était les vapeur de ses expériences...

Mais il avait quand même vachement la tête qui tournait. Et puis il avait des petites tâches partout sur sa peau. Mon petit garçon était malade.

Alors je lui ai fait le coup du bisous magique. Ben oui, faudrait pas non plus qu'il se mette à ne plus croire aux supers pouvoirs des mamans.

Bon, et avec ça, une petite gorgée de "tousstouss" et puis zou, mon roudoudou était à nouveau en forme.

"Merci maman, je me sens beaucoup mieux maintenant.

- De rien mon roudoudou.

-Aïe, maman, je crois que ton ventre me donne des coups de pied.

C'est qu'il a raison mon roudoudou, mon bidon a de nouveau atteint des proportions astronomiques. Je recommence à avoir mal au dos.

Et puis, il y a eu ce soir là. Maman est revenue d'entre les morts. Je l'ai serré dans mes bras très fort. Elle me manque tellement!

" Tu sais ma chérie, c'est pas si mal là où je suis. Et puis j'ai retrouvé ton père, alors, je suis heureuse. Et puis je vous regarde souvent tu sais, je regarde les petits grandir, tout ça.

- Oh maman...

- Mais tu sais Harmonie, il faut que tu nous laisses partir, ton père et moi. En gardant nos urnes ici, tu nous retiens un peu sur cette terre. Il faut nous laisser partir ma chérie. "

Tout ça, ça m'a travaillé la tête toute la nuit. J'ai presque pas dormi...enfin presque... bon ok, j'ai dormi comme un bébé, mais j'y ai pensé dans mes rêves.

Et le lendemain matin, je savais quoi faire. Je suis allée dans le salon, pendant que tout le monde était au lit. Je suis restée un peu devant les deux urnes, à penser à eux, et puis j'ai libéré leurs esprits. Après ça, les urnes n'étaient plus que deux gros pots inutiles, alors je les ai jeté. Papa et maman vont me manquer, mais maman avait raison.

Après ça, je suis retournée à mes préoccupations de femme enceinte: pipi, dodo, miam miam. C'est marrant parce que j'en suis quand même à ma troisième grossesse, mais Gabriel continue encore de s'étonner de la quantité de nourriture que je peux engouffrer.

Et puis, les garçons sont rentrés de l'école avec tous leurs nouveaux copains. Ça faisait toute une joyeuse bande sur le perron de la maison.

Et puis quand même, bébé a commencé à toquer à la porte. Et on ne peut pas dire que ce soit le truc le plus agréable.

Bref, cette fois-ci, j'ai laissé Gabriel avec les enfants et j'ai pris un taxi pour me rendre à l'hopital.

Je suis allée directement à la réception, histoire de me faire admettre dans le service.

" Bonjour, je suis Harmonie Greenaway, je viens accoucher."

"Greenaway, Greenaway... Ah bah non, je ne vous trouve pas dans le fichier. Vous êtes sûre que vous venez pour accoucher?"

Mais je vais lui en coller une à celui là!

"Vous me demandez si je suis sûre que je vais accoucher? Vous voulez que je vous montre un peu? Aaaaaaaïe!!!!!!!

- Calmez vous madame, un médecin va venir."

Ah bah quand même!

Bref, retour en salle de travail avec leur machine infernale qui t'enlève un rein à chaque opération.

Mais quand même, la pince à peluche a fini par sortir un petit bout de chou. Enfin!

Et je vous présente ma merveilleuse, ma superbe petite fille, Léonnie Greenaway.

A peine rentrée à la maison, Jules est venue voir sa petite soeur dans son berceau. Je crois qu'il s'inquiétait de ce que pouvait faire un bébé, il n'a pas osé avancer trop près.

Et puis après ça, il est allé tout raconter à sa cousine Alexandra et à sa copine.

"Et même qu'elle a pas de tentacules! Mais si, j'te jure! Elle est juste toute petite, on dirait une souris! Et elle a pas de cheveux! Peut être qu'elle va être chauve en grandissant...

Et puis, Gabriel a fini par fêter son anniversaire. Il entre dans la force de l'âge maintenant. Avant de souffler ses bougies, il a pris le temps de faire un voeux. Il a réfléchi un moment, j'ai même cru que le gâteau allait finir recouvert de cire.

Enfin, il a quand même fini par les souffler ces fichues bougies. Et encore, il s'est loupé, il a fallu qu'il recommence.

"Bon, maintenant que c'est fait, on va pouvoir passer à la réalisation de mon voeux. Chérie?"

Et en deux temps trois mouvements, j'ai fini la tête à l'envers. Y'a pas à dire, il sait y faire mon Gabriel.

"Que dois-je comprendre par ces épanchements amoureux?

- Et bien ma chérie, ton bidon est vide, et moi, je ne vois que trois enfants dans cette maison.

- Tu ne voudrais pas me laisser un peu souffler?

- Mais chérie, après, on sera trop vieux pour s'occuper d'autant d'enfants?

- Ben y'a qu'à en faire moins?

- Mais j'ai toujours rêvé d'en avoir cinq... bon en fait, je voulais en avoir dix, mais je me suis dit que tu ne voudrais jamais."

Et pour une fois, il a réussi à me convaincre sans jouer des pectoraux. Enfin, il a peut être essayé, mais je regardais par dessus son épaule pendant tout ce temps, pour ne pas me laisser distraire. Bref, toujours est-il qu'on a remis ça.