78- Alexander, entremetteur à ses heures perdues

4 novembre 2015

78- Alexander, entremetteur à ses heures perdues

Cher journal,

Y'a pas à dire, être adulte, c'est cool, même si je ne suis pas sûr de la voie dans laquelle je voudrais m'engager. A vrai dire, je m'interroge sur mon avenir, mes envies, tout ça. Quand j'étais gosse, j'ai eu des envies de devenir flic, mais maintenant que je suis adulte, je ne suis pas sûr que j'en sois capable. C'est vrai quoi, tu m'imagines en train de coller Quity derrière les barreaux? Non, définitivement, c'est pas pour moi. Moi, ce que j'aime par dessus tout, c'est d'être au calme, de m'occuper de mon jardin, de faire mes petites mixtures... et ça, y'a pas vraiment de métier...

Enfin l'avantage d'être l'héritier d'une longue lignée, c'est que niveau pognon, j'ai pas à me plaindre, du coup, je n'ai pas vraiment d'ultimatum. Alors je prends mon temps, je bouquine, je me cultive, en espérant qu'un jour je trouve ma voie.

Théo continue de voir son Clément. Je sais pas, je me méfie quand même. C'est qu'on sait jamais. Ma soeur, elle est jolie comme un coeur, faudrait pas qu'elle se fasse manipuler et qu'on lui brise le coeur.

Pour le moment au moins, il ne peut rien tenter. C'est un adulte et elle une ado, alors bon. Mais je les garde à l'oeil, parce que je vois bien que Théo en pince grave pour lui.

En parlant d'amour, j'ai revu Caro. Elle est passée à la maison un soir. Au début, je pensais que ça allait être comme avant, qu'on allait se marrer tout ça. Mais je crois que ça n'était pas dans ses plans. Elle m'a balancé tout de go qu'il fallait qu'elle m'avoue un truc, qu'elle était dingue amoureuse de moi et qu'elle ne pouvait plus garder ce secret pour elle.

J'avoue que j'en étais comme deux ronds de flan. Quand elle a vu que je ne réagissais pas comme elle l'avait imaginé, elle s'est excusée et elle est partie en vitesse, avant que j'ai pu dire quoi que ce soit.

Cette histoire, ça m'a fait réfléchir. Qu'est ce qui avait fait que Caro puisse tomber amoureuse de moi sans que je m'en aperçoive? Etait-elle vraiment une amie ou pouvait elle être un peu plus? Je n'avais jamais pensé à elle de cette manière, mais maintenant que j'y regardais mieux, c'est quand même un joli brin de fille.

Tout ça me laissait tellement perplexe que j'ai fini par en parler à Alex. En tant qu'homme, il allait peut être pouvoir m'aider.

" Ah mon p'tit gars, c'était toujours compliqué quand on passe de l'amitié à l'amour. Tu l'aimes?

- Je ne sais pas.

- Bon, déjà ce n'est pas un non définitif. Maintenant, est-ce que tu arrives à imaginer ta vie sans plus jamais la voir? Parce que c'est ce qui va arriver mon gars.

- Tu crois?

- Si elle t'aime, et que toi non, tu t'imagines pas qu'elle va venir te voir tous les quatre matins! Elle est pas masochiste que je sache?

- Tu as peut être raison. Je ne sais pas, Caro c'est mon amie, surement la seule vraie amie que j'ai, et si elle disparaît, je... je... je ne sais pas, c'est très flou tout ça. "

Mais Alex, c'est un petit malin. Il a bien compris que j'avais du mal à faire le tri dans ma tête et dans mon coeur. Alors il a invité Caro à la maison pour lui parler.

"C'est Silvère qui vous envoie me parler?

- Il ne sait pas que tu es là. Bon, écoute moi bien ma petite. Silvère, il patauge dans la ratatouille là. De lui balancer ça comme ça, tu lui as complètement retourné la cervelle.

- Ça va être de ma faute maintenant?

- Mais non, je dis juste que tu n'as pas avancé tes pièces de la manière la plus subtile. Alors maintenant, si tu le veux ton Silvère, tu vas faire ce que je te dis.

- Je vous écoute.

- Bien. Il n'y a qu'un mot d'ordre. Rends toi indispensable à ses yeux. Sois là, souvent, qu'il s'habitue à ta présence. Ne redeviens pas la bonne copine, faut lui comprendre, subtilement cette fois, que tu l'aimes toujours. Je le connais le gamin, ça va finir par faire son chemin dans sa tête. "

Aprés ça, fier de lui et convaincu de la réussite de son plan, il est parti se détendre dans le sauna, tranquillou.

En tout cas, Caro a appliqué à la lettre les conseils d'Alex. Elle est venue me retrouver discrètement dans le jardin, pour m'aider sois disant. J'étais heureux de la retrouver, heureux de pouvoir parler avec elle. Je savais que ça ne serait plus comme avant, et les longs regards qu'elle me lançait par dessus les plans de tomates étaient assez limpides.

Pendant ce temps, Alex profitait de ses vapeurs au jasmin ou je sais pas quoi.

"J'espère que le petit ne va pas être trop long à comprendre. Un amour de jeunesse, c'est beau, c'est frais et pur, faut pas qu'il passe à côté parce qu'il aura trop attendu."

Une chose est sûr, dans ma tête, c'était toujours le bordel, mais quand Caro est partie, je me suis senti bien seul, comme abandonné. Et j'ai pas aimé ça.