Cher journal,

Zébulon et moi vivons et savourons chaque instant de notre vie. Souvent, on repense avec nostalgie aux années passées, à tous nos enfants quand ils étaient encore hauts comme trois pommes. Souvent, cela nous fait sourire.

Bérengère est devenue adulte, une très jolie demoiselle, qui sait très bien ce qu'elle veut dans la vie.

Elle en a discuté un peu avec sa soeur Eglantine. Bérengère veut partir, voler de ses propres ailes. Elle veut rentrer dans les services secrets, comme autrefois sa tante Zéline. J'ai très peur pour elle, bien sûr, mais je sais qu'elle en est capable. Parfois je repense à Yseult qui a vu également sa fille partir, avec la certitude qu'elle ne la reverrait surement pas, ou alors très peu. C'est ainsi, je crois, que le monde avance.

Et puis, les jumelles ont grandi à leur tour. D'abord Juliette.

Puis Pétronille. En grandissant, on remarque de plus en plus leurs différences, extérieures et intérieures.

Juliette et Pétronille sont vraiment dissemblable. C'est à ne pas croire qu'elles viennent du même ovule.

Et puis, Bérengère est partie, et la maison est devenue bien calme. Cette maison qui a vu passer tant et tant d'enfants me semble bien vide aujourd'hui.

Cette espèce de nostalgie, de langueur, semble avoir gagné toute notre vie. Parfois, je vois Zébulon devant son chevalet, une toile vierge devant lui. Et cette toile reste blanche des heures et des heures. Je crois qu'il ne sait plus quoi peindre. Cette douceur de vivre que nous connaissons maintenant n'est peut être pas ce qu'il lui faut.

Je crois que les filles s'inquiètent un peu pour leur père. J'ai surpris les jumelles en train d'essayer de trouver quelque chose pour le sortir de sa lassitude.

Cette situation m'angoisse, et quand j'angoisse, il faut que je bouge. Alors je me force à m'activer, pour ne pas me retrouver moi aussi piégée par l'ennui.

Et j'essaye de savourer les petits plaisirs simples, de m'accrocher encore.

Et puis, une nuit, Zébulon a vu le bout de tunnel. Je dormais à côté, inconsciente de ce qui se passait. Je crois que quelque part, Zébulon était content de partir, de passer de l'autre côté. Retrouver tout le monde. Sa soeur Zéline, sa mère, ses grands-parents, l'oncle Ycare, ses cousins, et tout ceux que nous n'avons connu qu'en image.

Momo a eu la délicatesse de ne pas envoyer Yseult pour récupérer l'âme de son fils. Elle a fait ça vite, et au matin, j'étais veuve. Bien sûre, j'étais triste, Zébulon était l'amour de ma vie. Mais je sais que je le retrouverai, et je sais qu'il va mieux maintenant.

Le temps a continuer à filer, et Eglantine est devenue adulte. J'ai eu des nouvelles de mes enfants aussi. Flo a publié son premier roman à succès. Il est tellement fier. Et Bérengère a eu son premier enfant, Hippolyte. Je suis fière de les voir vivre leur vie. Et maintenant, c'est au tour d'Eglantine de partir vivre sa vie. Je crois qu'elle a rencontré un garçon, un roux. C'est bien, ça relaencera le gêne dans la famille. J'espère qu'elle sera heureuse avec lui.

L'autre jour, Pétronille a parcouru tous nos vieux journaux de famille. Elle m'a demandé si j'allai continuer la tradition familiale. J'avoue que sa question m'a prise au dépourvu. Je n'y pensais absolument plus. Je crois que ça veut dire que cette tradition doit cesser. L'ancêtre de Zébulon, Alice, avait pris cette décision pour créer une nouvelle dynastie. Je crois que les Greenaway sont désormais assez nombreux dans le monde. Je crois donc que Zébulon aura été le dernier héritier des Greenaway. Et je laisse à mes enfants la liberté de suivre leur chemin.

10eme gen 10 (29)

Et puis ça a été au tour des jumelles de devenir adulte. Comme toujours, ça a d'abord été Juliette.

Et Pétronille. Voilà, maintenant, tous mes enfants sont grands, et ils n'ont plus besoin de moi. Je vais pouvoir me reposer, enfin.

Alors avant de refemer définitivement ce journal, je te parle un peu de la suite de l'histoire des Greenaway. Eglantine a eu deux enfants, avec son amoureux roux. Un garçon et une fille, qu'elle a appelé Narcisse et Géronime. Ils sont restés vivre à Willow Creek, Eglantine ne voulait pas partir trop loin de la maison. Pétronille a quitté la maison aussi, elle vit maintenant à Newcrest, où elle a ouvert une boutique de mariage. A ce qu'il paraît, elle marche très bien, et les clients aiment beaucoup regarder les diverses photo exposées partout. Ce sont les photo que Zébulon avait prises, tout au long de notre histoire. Pétronille m'a dit qu'elle avait placé celles de mon mariage bien en évidence.

Quand à Juliette, elle a décidé de rester avec moi, dans la maison. J'en suis heureuse. Cette maison est bien trop grande pour moi toute seule. Et puis, un jour, elle m'a annoncé qu'elle attendait un enfant. Je n'ai jamais su qui était le père, mais cette enfant, cette petite Pimprenelle a bercé mes vieux jours et a égayé cette vieille maison de son rire joyeux. Voilà. Maintenant, c'est vraiment terminé. Je suis heureuse de la vie que j'ai eu, mais maintenant il est l'heure de refermer le livre de l'histoire des Greenaway.

FIN

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